Revue Archéologique de Picardie n° 3/4 - 1 986
Étude du mobilier métallique
par A. RAPIN
Tombe 1
Le seul élément métallique provenant de cette fosse bouleversée et en partie détruite est un petit objet en bronze (fig. 33) dont la fonction nous échappe. Par analogie, on peut imaginer que les deux petits clous en fer des extrémités servaient à le fixer sur la panse d'un récipient ou d'un objet en bois. Le vide ainsi aménagé entre la paroi et la coque de bronze aurait pu servir à emboîter l'extrémité d'une poignée amovible.
Le mobilier métallique de cette fosse comprenait également une monnaie de Constantin provenant peut-être d'un bouleversement de la fosse au IVème siècle ou après.
Fig. 33 : T1 ; petite attache en bronze avec deux petits clous en fer.
Tombe 2
(fig. 34 à 36, T2 a et b)
L'ensemble des fragments métalliques qui semblait appartenir, à première vue, à une simple paire de forces s'avéra contenir en plus un rasoir.
Les forces
Incomplètes et très corrodées, elles sont de forme très simple (fig. 34). Le ressort plat et rectiligne prolonge sans infléchissement le dos rectiligne de chaque lame. Leur section simple présente seulement une légère concavité sur le dessus. Cette concavité se retrouve dans la vue de profil de l'outil (face inférieure convexe orientée vers la peau de l'animal). Cette forme strictement fonctionnelle, simple et stable, caractérise les forces qui apparaissent de temps en temps en sépulture
depuis au moins le IVème siècle avant notre ère jusqu'au Illème siècle compris (48).
Elles sont plus souvent présentes dans le mobilier des nécropoles depuis la 1 ère moitié du Illème siècle av. J.C., notamment en Tchécoslovaquie (49), associées fréquemment aux fibules à gros pied globulaire. On les trouve également dans le mobilier des nécropoles boïennes de Cispadane (50). Localement, le cimetière voisin de Breuil-le-Sec dans l'Oise (51) en possède un exemplaire quasiment identique à celui de Tartigny (fig. 35).
Le rasoir
(fig. 36)
Incomplet aux deux extrémités, il présente également quelques manques vers le centre du tranchant. Le profil du dos est légèrement sinueux, convexe vers la poignée et concave vers l'extrémité.
La section de la lame présente également une légère concavité plus marquée que celle des forces. Les produits de corrosion présentaient sur une face de la lame des traces ligneuses parallèles (fig. 36a) provenant du contact de l'objet avec une pièce de bois au début de son oxydation souterraine. Peut-être, s'agit-il de la gaine de bois qui protégeait le rasoir ? Ce type de rasoir à soie inclinée et légèrement rectiligne figure dans la typologie proposée par G. Jacobi à La Tène B (52). Une légère incertitude subsiste, cependant, du fait de l'absence de la partie terminale de la soie qui peut, à la période suivante (LT.C1), se terminer par un disque plein ou un enroulement spirale.
(48) JACOBI Gerhard, «Werkzeug und Gérât aus dem Oppidum von Manching», Die Ausgrabungen m Manchmg, Bang V, Wiesbaden 1 974, fig. 24, p. 90.
(49) BENADIK Blazej, «Nana Keltisches Grâberfeld Fundkatolog», Mate- riaha Archaeologica Slovaca, T.V., Nitrae 1 983, t. 82, p. 11 3 et t. 1 42, p. 140.
(50) KRUTA Venceslas, «Les Boïens de Cispadane : essai de paléoethnographie celtique», dans Études celtiques. XVII, 1980, fig. 1 , p. 10 (groupe H) et fig. 7 (sépulture 1 05, de Lucca ainsi que 85 et 83), fig. 1 0, tombe 185 Benacci.
(51) DEGENNE Michel, DUVAL Alain, op. cit., note 24, (fig. 1-6, p 86). Également DEGENNE Michel, «La nécropole gauloise de Breuil-le-Sec sondage 74», dans Mémoires de la Société Archéologique et Historique de Clermont-en-Beauvaisis, 1978, p. 10, fig. 4.
(52) JACOBI Gerhard, «Verkzeug und Gérât...» op. cit., ote 48, fig. 25, p. 93.
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